Max Picard

Médecin de formation, philosophe et écrivain de langue allemande vivant en retirance dans le Tessin à partir des années vingt, Max Picard (1888-1965) fut l'ami d'Emmanuel Lévinas – qui lui emprunta sa notion de «visage humain» – et l'auteur prolifique d'ouvrages inspirés, à mi-chemin de la réflexion philosophique et de la contemplation poétique. Sa pensée, en dialogue subtil avec le romantisme allemand (Goethe, Hölderlin, Novalis) aussi bien qu'avec les grands textes de la Mystique, aborde avec beaucoup de délicatesse des thèmes qui seront plus tard repris par la phénoménologie française: le visage, le paysage, le silence, le langage, la rumeur, l'extase.

Extraits de presse

Face au néant, la révolution spirituelle dans Famille chrétienne, n°2436

«Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il existait sans doute deux types d’hommes: ceux qui croyaient en avoir fini à jamais avec le mal, et ceux qui pensaient que le nazisme, aussi horrible fût-il, n’était que le symptôme d’un mal plus profond. Comme Bernanos, le philosophe Max Picard (mort en 1965), juif converti au catholicisme avant de revenir au judaïsme, était de ceux-là. Sorti en 1946, L’Homme du néant est un livre terriblement actuel, dont la thèse est résumée dans la préface: "Le totalitarisme ne serait pas un accident de l’Histoire, mais une lente désintégration spirituelle. L’homme moderne, dit le philosophe, perçoit le monde dans un pêle-mêle sans lien ni continuité, ce qui prouve que son âme est chaotique." Il peut donc dire et vivre tout et son contraire, dans le même temps: c’est cette incohérence qui permet à des personnages comme Hitler de faire figure de chef, dans les cris et la fureur de l’instantané. Sans mémoire ni unité intérieure, il ne peut y avoir de jugement moral, donc ni de bien ni de vérité ou de réalité.» – Théophane Leroux

L’homme du néant, de Max Picard dans La Croix

«L’ouvrage explore les nombreuses facettes du "nazi", qui n’est jamais hypostasié mais toujours ramené à la figure de l’homme ordinaire. Pour Picard, il ne s’agit pas d’extérioriser le mal, mais bien de démasquer Hitler in uns selbst (Hitler en nous-mêmes), titre provocateur de l’ouvrage en allemand. À le lire, on frémira de constater que nombre des ferments du nazisme identifiés par Picard demeurent actifs aujourd’hui. On pourra discuter certaines de ses thèses, elles n’en demeurent pas moins stimulantes. Tout cela rend la lecture de cet ouvrage salutaire. S’il est décapant, il n’est pas désespérant, car le philosophe identifie aussi "les forces de bien" toujours secourables.» – Élodie Maurot

Max Picard face à la désagrégation du monde dans Le Temps

«L’écrivain suisse de langue allemande, décédé au Tessin en 1965, a déployé une pensée parmi les plus originales du XXe siècle. L’Homme du néant explore les sources du surgissement du nazisme et du fascisme en Europe (...) L’auteur est un des premiers à voir que le monde industriel moderne, avec son diktat de la vitesse à tout prix, s’oppose au besoin spirituel de l’homme. "Le monde de la radio n’est pas seulement discontinu, il engendre la discontinuité." Et l’homme coupé du lien avec lui-même devient une proie aisée pour la démence collective qui nie le passé, l’Histoire, tout ce qui fait la continuité porteuse de sens: "Hitler, écrit Picard, n’eut pas besoin de conquérir le pouvoir; par la structure même de la discontinuité, tout se trouvait à l’avance conquis (...) Le livre de Picard n’est pas un énième catalogue des monstruosités du nazisme; c’est une tentative osée d’identifier les causes profondes d’une telle chute dans l’histoire de l’Europe. Maurice Samuel, dans son livre La Grande Haine, indiquait un possible remède à une rechute dans le Mal absolu: "Il faut que la démocratie, écrivait-il, cesse d’être le pis-aller de l’économie." (...) Picard souligne combien le monde réel doit sa cohérence au langage qui doit exprimer la vérité, en opposition avec les vociférations du monde irréel des mots d’ordre, fussent-ils publicitaires. Il voit les dangers du monde de la bourse où l’on peut tout gagner ou tout perdre en un instant sans qu’il y ait la dimension du tragique: "Ni grâce, ni bonheur, l’instant ne donne que gain ou perte; que chance ou malchance." Cette phrase d’une lucidité lapidaire vaut pour toutes les époques: "La dictature n’est que l’extension au domaine politique de l’incohérence individuelle."» – Samuel Brussell

Max Picard, le médecin-philosophe dans Le lorgnon mélancolique

«Benedetto Croce dans sa recension du livre, laissait entendre qu’il faudrait tôt ou tard se mesurer avec les thèses de Picard. Comme y insiste Jean-Luc Egger dans la postface, son constat est d’une terrible lucidité, que ce soit par rapport à la description des éléments qui caractérisent toute dictature, mais aussi en ce qui concerne le diagnostic de certains aspects inquiétants de nos sociétés post-industrielles.» – Patrick Corneau

L’homme du néant dans Payot Aimer Lire

«Paru une première fois en 1945, cet essai réédité de Max Picard souligne la pensée nazie en se questionnant sur les raisons de son "succès". L’auteur offre une réflexion sur ce qui a poussé l’homme moderne à adhérer à un tel mouvement.» – Cristina Buemi, Payot Sion

Des cités détruites au monde inaltérable dans Famille Chrétienne

«Max Picard est l’un de ces nombreux illustres inconnus dont la pensée mériterait bien plus que l’oubli ouaté dans lequel on la conserve. Ce juif converti au catholicisme fut l’ami de Gabriel Marcel et influença Emmanuel Levinas: c’est dire s’il fut lu. Voyageant en Italie en 1949, il livre ses réflexions dans un paysage marqué à la fois par la Seconde Guerre mondiale et la civilisation romaine. L’Italie est restée rurale, elle panse encore ses plaies et ignore qu’elle va entrer, comme l’ensemble de l’Occident, dans l’air du temps qui doit passer plus vite pour toujours consommer plus. Entre l’immédiat et l’immortel vient s’incruster l’Éternel. "Nous sommes plus sauvés que nous le savons", dit le philosophe qui, lui, a su voir au-delà des apparences.» – Théophane Leroux

Max Picard, voyage intérieur en Italie dans La Revue des Deux-Mondes

Ancien rédacteur en chef du «Monde des Livres» et ami de la «Revue des Deux Mondes», le critique littéraire Patrick Kéchichian nous a quittés le 18 octobre à l'âge de 71 ans. Au début du mois, il publiait une critique du dernier ouvrage de Max Picard dans la Revue des Deux-Mondes: «Une gravité s’installe, dont l’Italie est le cadre, devenu intime. Elle renvoie à chaque instant l’homme à son devoir de penser, à sa vocation de partager, loin d’une solitude confortable, avec ses semblables, au-delà du visible et de l’immédiat.»

« Journal d’Italie » de Max Picard, un voyage intérieur dans La Croix

Avec son « Journal d’Italie », le poète et philosophe invite à l’attention et à la contemplation. - Élodie Maurot

Patrick Corneau à propos de Max Picard dans Le lorgnon mélancolique

Vous cherchez un «livre de vacances», un livre pour vous évader, prendre la poudre d’escampette de la rabâcheuse quotidienneté avec ses ennuis et ses déceptions? Un livre pour voyager dans le temps et l’espace sans perdre pied? J’ai mieux à vous proposer: un livre qui serait tout cela à la fois et, sans être une fuite dans le pur divertissement, vous exhausserait, vous élèverait par sa profonde dimension de sapience, de sagesse.

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