En regardant voler les mouches

Arts, littérature et attention

Textes de Natacha Allet, Daniele Carluccio, Martina Diaz, Nolwenn Mégard, Annick Morard, Isabelle Pitteloud, Jean-Philippe Rimann et Dominique Brancher

CHF 25 / € 20

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Quand la mouche bourdonne à ses oreilles, l’homme, rappelle Pascal, ne saurait être de bon conseil. Ce trouble sert ici de point d’entrée privilégié à une réflexion sur l’attention. Les yeux à facettes du diptère, ses mouvements brusques, son appréhension tactile de la réalité inspirent artistes et écrivains, en donnant à réfléchir sur l’omnivoyance ou la trace, le tropisme et la répulsion.

«En regardant voler les mouches»: cette expression, qui stigmatise le désœuvrement et la paresse, peut aussi s’entendre comme une invitation à se rendre disponible à l’objet contemplé, afin d’accéder peut-être à sa leçon. 

Issu des réflexions collectives d’un groupe de chercheurs d’horizons divers, cet essai déploie ses investigations dans le champ de la littérature – en explorant notamment les proses de Rabelais, Georges Bataille, Robert Musil et Paul Valéry ou les essais du naturaliste Jakob von Uexküll; aussi bien qu’au cinéma – de Charlie Chaplin à David Cronenberg en passant par une scène iconique de Breaking Bad; sans oublier de se pencher sur les diptères qui se sont aventurés dans les arts – la peinture de Giotto, la sculpture de Francisco Tropa ou la photographie de Patrick Bailly-Maître-Grand.

Une somme transversale, à la recherche du minuscule et captivant insecte. Car si ses dimensions, sa ténuité font de la mouche un détail, cette insignifiance apparente – cette inutilité – aiguisent justement l’attention, la portent à l’énième puissance.

 

 TABLE DES MATIÈRES 

I. IRRUPTION, INTERRUPTION

La mouche en vanité 
par Isabelle Pitteloud 

La mouche sur le nez de l’orateur : défigurer l’homme (Bataille)
par Martina Diaz 

Portrait de la mouche en bouffon (Ponge, Chaplin)
par Jean-Philippe Rimann 

Vladimir Nabokov: des papillons et des mouches
par Annick Morard 

II. VERS UNE ATTENTION SANS OBJET

Poinçonner, bayer, moucharabieh (Rabelais) 
par Dominique Brancher 

Paul Valéry, la transparence et la mouche
par Jean-Philippe Rimann 

Il était une fois une mouche
par Jean-Philippe Rimann 

« Exténué et attentif »: Claude Simon
par Natacha Allet 

BadFly
par Jean-Philippe Rimann 

III. QUESTION D’ÉCHELLE

De l’illusion picturale à la désillusion tactile 
par Nolwenn Mégard 

Miroir brisé: versions du monde d’après Claude Simon
par Natacha Allet 

Musil vivisecteur du réel
par Isabelle Pitteloud 

Macro-mouche: expériences optiques et monstruosité chez Francisco Tropa
par Nolwenn Mégard 

Mouches et musées (Valéry)
par Jean-Philippe Rimann 

Roland Barthes: le lecteur, l’indirect, la mouche I
par Daniele Carluccio 

IV. DANS L’ŒIL DE LA MOUCHE 

Voir avec un «œil de mouche»: les grilles de Jakob von Uexküll
par Nolwenn Mégard 

Le privilège de la mouche (Stendhal)
par Isabelle Pitteloud 

Cortázar: les témoins
par Martina Diaz 

Flaubert, l’homme-mouche
par Isabelle Pitteloud 

La marche de l’homme-mouche

Roland Barthes : le lecteur, l’indirect, la mouche II
par Daniele Carluccio

Mouches au miroir (Valéry)
par Jean-Philippe Rimann 

V. CONTACT

L’effleurement de la mouche: Nathalie Sarraute 
par Natacha Allet 

La touche de la mouche (Valéry)
par Jean-Philippe Rimann 

Les mouches de Patrick Bailly-Maître-Grand et leur empreinte 
par Nolwenn Mégard 

VI. RÉPULSION

Cronenberg: des mouches et des hommes 
par Annick Morard 

Musil et le papier tue-mouches
par Isabelle Pitteloud 

Bataille: Histoire de l’œil (pinéal)
par Martina Diaz 

Ratures d’Artaud
par Natacha Allet 

Mouches en bouches: Rabelais
par Dominique Brancher 

Bataille: le jeu des transpositions
par Martina Diaz

Marguerite Duras, Écrire

 

LES AUTEURS

Natacha Allet enseigne la littérature française à l’Université de Genève. Elle a publié de nombreux travaux sur la figuration de soi et les interactions entre art et littérature, notamment «Le gouffre insondable de la face». Autoportraits d’Antonin Artaud (La Dogana, 2005). Ses articles portent également sur Valère Novarina, Louis-René Des Forêts, Pierre Michon et Michèle Desbordes.

Daniele Carluccio est enseignant et critique, spécialiste de poétique et de la littérature française du XXe siècle. Il est en particulier l’auteur de Roland Barthes lecteur et de Cult Surréalisme (Hermann, 2019 et 2022).

Martina Diaz est enseignante de littérature française, spécialiste des rapports entre littérature et médecine aux XIXe et XXe siècles. Elle a notamment publié La Belle- Époque des amours fétichistes (Garnier, 2020).

Nolwenn Mégard est historienne de l’art, critique et enseignante. Spécialiste de la vue en plongée et de ses liens à l’estrangement, elle s’intéresse à l’histoire culturelle et aux arts visuels aux XIXe et XXe siècles.

Annick Morard est spécialiste de littérature russe. Elle est l’auteure de deux ouvrages: Ourod. Autopsie culturelle des monstres en Russie (La Baconnière, 2020) et De l’émigré au déraciné: la «jeune génération» d’écrivains russes entre identité et esthétique (Paris, 1920-1940) (L’Âge d’Homme, 2010).

Enseignante et chercheuse en littérature française moderne et contemporaine, Isabelle Pitteloud s’intéresse particulièrement aux rapports entre littérature et philosophie des émotions. Elle a notamment publié des articles sur Flaubert, Balzac et Stendhal.

Enseignant en littérature française des XIXe et XXe siècles à l’Université de Fribourg, Jean-Philippe Rimann a entre autres publié des articles sur Baudelaire, Hugo, Sartre, Butor, Barthes et Blanchot.

Dominique Brancher est professeure de littérature française à l’Université de Bâle et régulièrement invitée comme visiting professor à l’Université Yale. Spécialiste de la Renaissance, elle privilégie l’histoire et les enjeux des relations entre des œuvres considérées comme «littéraires» et différents savoirs. Deux livres en témoignent: Équivoques de la pudeur. La fabrique d’une passion à la Renaissance, et Quand l’esprit vient aux plantes: botanique sensible et subversion des règnes (Droz, 2015).

 

Images:
Robert Hooke,
Micrographia: or Some physiological descriptions of minute bodies made by magnifying glasses, 1665. Aile de mouche.
Pierre Ducordeau,
La Belle polonaise, huile sur panneau.
Vue de l'exposition
Scenario de Francisco Tropa au Pavillon portugais, 54e Biennale de Venis, 2011.

En regardant voler les mouches dans Critique d’art

«La lecture d’En regardant voler les mouches fait surgir l’image de l’insecte qui vient se promener sur les pages, qui s’arrête de temps en temps pour se frotter les pattes et repart un peu plus tard, en laissant, insouciant, ses empreintes. Rien de plus dérangeant que son bourdonnement pour faire dérailler une idée dont on suivait à peine le fil; rien de plus laid pour dégouter celui ou celle sur qui elle eut atterri. Ce recueil de discours autour des mouches et de leur représentations dans les arts et la littérature et le résultat d’un travail collectif qui réunit sept auteur.rice.s» – Immacolata De Filippis

En regardant voler les mouches dans Thierry Guinhut Littératures

Dans la continuité de l’Eloge de la mouche, fameux éloge paradoxal du philosophe grec du II° siècle, Lucien, une trentaine de petits essais explore les occurrences du diptère dans les Lettres et parfois la peinture.

En regardant voler les mouches dans Le Temps

Huit chercheurs et chercheuses en littérature et en histoire de l'art interrogent notre regard sur les mouches. Horripilant, insignifiant, le petit insecte finit toujours par vaincre: «La puissance des mouches: elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d'agir, mangent notre corps», écrivait Pascal dans ses Pensées. Le diptère a aussi la vertu d'aiguiser notre attention au monde et aux détails, en témoigne cet essai collectif qui revisite les œuvres de Bataille, de Sarraute ou de Nabokov, les essais du naturaliste Jakob von Uexküll, la peinture du XVe siècle ou le film La Mouche (1986) de Cronenberg. Les écrivains ont rêvé d'adopter le point de vue de la «fine mouche» pour tout entendre, tout voir, incognito, du secret des intimités. La mouche est un taupe. Nous lui ressemblons lorsqu'elle percute les carreaux des fenêtres sans comprendre ce qui l'emprisonne, se heurtant à l'invisible. C'est le mystère de la métaphysique. Wittgenstein résumait: «Quel est le but en philosophie? Indiquer à la mouche la sortie hors de la bouteille attrape-mouche.» – Julien Burri

En regardant voler les mouches: couverture
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En regardant voler les mouches: fiche de presse
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Titre En regardant voler les mouches
Auteur Textes de Natacha Allet, Daniele Carluccio, Martina Diaz, Nolwenn Mégard, Annick Morard, Isabelle Pitteloud, Jean-Philippe Rimann et Dominique Brancher
Date de parution 10/11/2022
Format 16 x 21 cm
Nombre de pages 144 (+ cahier-image de 32 pages)
ISBN 9782889600960

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